Ce qu'elle ne préfère pas...

Avant tout la solitude. Une des chambres était déjà occupé mais Taruccah ne s'était pas inquiétée de savoir si elle était ou non disponible pour une seconde locataire. Passant son chemin, elle s'installa plus loin dans le couloir, dans un dortoir autrement plus différent des autres : une grande armoire, juste dans le coin gauche, à l'entrée. Deux lits jumeaux. Draps blancs. Sobre. En fait, Taruccah n'aimait pas vraiment la couleur. Sur elle, ça n'allait pas vraiment. Juste une touche de rouge ou bien du pourpre. Jamais de bleu ni d'orange vif. Le jaune, comme le T-Shirt de Mlle Musk, jamais de la vie ! Ca allait bien à Musk, pas à elle. Elle avait un teint beaucoup trop pâle pour ça.

Elle s'installa sur un des lits, celui qui était le plus éloigné de l'entrée, face à l'armoire murale. Elle était secrètement décidée à utiliser le second lit comme fourre-tout. C'était un de ses plus grands défauts, d'être aussi aussi foutoir dans sa vie. Sa vie entière ne rimait à rien, alors qu'elle ne faisait que commencer. En y regardant de plus près, sa vie se terminait chaque jour un peu plus. Une pensée négative pour un esprit négatif. Rien ne rimait jamais à rien. Ce qu'elle ne préférait pas, c'était bien d'être aussi seule mais qui aurait eu le courage de partager sa vie, ou ne serait-ce que sa chambre, avec une fille aussi froide et distante. Jamais elle ne saurait être quelqu'un. Pas elle.

Elle toucha d'un doigt le coussin blanc immaculé et posa sa tête sur son rembourrage moelleux. Elle s'assoupit aussitôt, la lumière hallogène toujours allumée.

Taruccah somnolait déjà depuis un bon moment lorsque des pas dans le couloir la réveillèrent. Peut-être un élève un peu bruyant qui regagnait sa chambre. Elle jeta un rapide coup d'oeil à sa montre et se dit que l'élève en question avait tous les droits d'être bruyant puisque ce n'était pas une heure pour dormir. Elle se leva avec un peu de difficulté, ses membres encore engourdis par le sommeil lorsqu'on frappa à sa porte. Qui cela pouvait-il bien être ? Une nouvelle élève qui chercherait une chambre pour ses nuits ? Fallait-il nécesseraiment que ce soit sa chambre ? Elle se contenta de hausser les épaules et ouvrit la porte. Sur Mlle Musk. Son T-Shirt jaune effraya Taruccah qui n'avait pas l'habitude des couleurs vives.

- Bonjour, Mlle Musk. Vous avez besoin de quelque chose ? demanda simplement Taruccah, un peu surprise qu'un professeur se déplace jusqu'ici.

Je dormais, oui, oui... fit Taruccah, surprise, en réalisant qu'elle avait bel et bien dormi deux heures toute seule dans sa chambre triste. Le voyage m'a fatiguée.

A sa façon de parler, on pouvait sentir que Mlle Musk était sympa. Taruccah ne savait pas trop si elle devait s'y fier mais elle préféra suivre son instinc mais il ne lui disait rien, donc elle décida de bien l'aimer. Autant se faire quelques amis du côté du corps enseignant pour faciliter son entrée ici. Elle avait compris que ce pensionnat était sa dernière chance et qu'elle n'aurait plus d'autres choix, si elle choisissait de le quitter, que de se lancer dans le monde du travail. Sa dernière visite là-bas l'avait marquée au fer rouge. Elle n'était pas prête à y retourner tout de suite.

- Euh... C'est très gentil de me proposer un café, Mlle Musk. Je veux bien venir. Attendez-moi ici.

La jeune fille retourna dans la chambre pour y saisir ses chaussures qu'elle avait retiré durant son sommeil. Elle les enfila rapidement et les laça. Puis elle saisit la veste de base-ball qu'elle avait ôté dès son arrivée. Cette veste lui rappelait pleins de mauvais souvenirs. Mais elle la gardait. Parce qu'elle était à peu près à sa taille, qu'elle était confortable, qu'elle tenait chaud, qu'elle sentait bon le parfum volé. Elle fut un moment tenté de la laisser mais il commençait à faire froid en automne par ici. Elle la jeta alors sur ses épaules et vint à Mlle Musk.

- Vous savez, vous n'avez pas besoin de vous justifier !

Et dans un clin d'oeil coquin, alors qu'elle n'était pas particulièrement attirée par cette fille, Taruccah ajouta :

- De toute façon, je ne suis pas votre élève, je ne fais pas d'espagnol !

Elle avait envie d'être un peu provocante, même si elle ne plaisait pas tant que ça aux autres filles et qu'elle-même n'avait pas beaucoup d'attirance pour elles. Ca la faisait beaucoup rire intérieurement de jouer à ce petit jeu.

(Hors-suj : Je ne sais pas si ça te donne aussi débile mais je ne sais pas pourquoi il y a tout ces trucs autour de mon texte et pourquoi il est aussi illisible.)

EDIT MADDY: je crois que j'ai enlevé ce qu'il fallait mais si j'ai dérangé ta manière de mettre en valeur certains trucs, tu changes... y'a pas de soucis ^^

Maddison sourit à Taruccah et se décolla lentement du mur, afin de jeter un oeil dans la chambre de la jeune fille, avant que celle-ci ne referme la porte. Juste par curiosité. Défaut ou qualité, elle ne saurait dire. Taruccah avait pris sa veste et Maddy supposa qu'elle avait bien fait. Parce qu'elle-même n'avait rien d'autre que son tee-shirt. Mais de toute façon, elle partait dans un endroit chauffé, elles ne risquaient rien.

- Jolie veste, chuchota Maddy tout en détournant le regard vers le couloir.

En fait, c'était tout à fait le genre de veste qui lui plaisait. Mais elle n'osa pas le dire. Tout en tripotant maladroitement sa queue de cheval, elle se passait la langue sur les lèvres pour réfléchir. Elles pouvaient aller en ville, ou à la cafétéria du pensionnat. Personnellement, Maddy n'avait pas envie de sortir de l'enceinte de l'établissement aujourd'hui. Elle était un peu fatiguée et n'avait pas envie de parcourir les milliers de ruelle de la ville pour trouver un café sympa.

- Taruccah, ça t'embêterait qu'on aille à la cafèt' du pensionnat au lieu de fouiner en ville? C'est convivial et chaleureux... Et en plus, parait que le café est super bon! ajouta-t-elle en souriant.

Manquait plus que le choix du service ou le distributeur qu'elle n'avait jamais testé, mais elles verraient sûrement sur place, il y avait tant de choix. Maddison s'approcha de l'escalier et se retourna, jetant un oeil par la fenêtre du couloir. Ses cheveux acajou se reflétaient d'une manière assez surprenante et elle détourna le regard pour fixer celui de Tarrucah.

[HJ: T'as bien fait de commencer une suite, j'avais plus d'inspi... ^^]

Le compliment de Mlle Musk toucha beaucoup Taruccah qui la remercia dans un sourire malin et contrit. Elle n'allait tout de même lui raconter la magnifique histoire de cette veste. C'était la veste typique des joueurs de base-ball américains de la Côte Ouest. Jack tenait beaucoup à elle mais il semblait aussi beaucoup tenir à la jeune fille, du coup, il lui avait offert la veste. Taruccah était du genre à ne rien offrir en retour parce qu'elle ne voyait pas l'intérêt de faire un cadeau si c'est pour attendre quelque chose après. Le cadeau de retour ne vient pas vraiment du coeur, c'est juste un présent qu'on offre parce qu'il le faut, sinon on a l'air très cruche. On ne passe pas deux heures dans un magasin pour le choisir et on ne prend parfois même pas la peine de l'emballer parce que se fout complètement de ce qu'en pensera celui qui le recevra. Sauf que, cette fois-là, comme elle sentait qu'il était amoureux et qu'elle aussi l'était, Taruccah lui donna ce qu'elle aussi avait de plus cher et elle aurait mieux fait de s'abstenir finalement vues les conséquences. Le problème, c'est que c'était un cadeau drôle et qu'il fallait qu'elle s'en débarrasse tôt ou tard. Elle lui avait donné, il en avait fait n'importe quoi mais, sur le coup, ça l'avait bien fait marrer. Aujourd'hui, elle n'en rigolait plus, elle en pleurait. Et il s'en foutait complètement vu qu'il était pas là.

- Vous préférez aller à la machine à café ou à la caféteria ?

Le problème des machines à café, c'est que c'était impersonnel au possible. Personne n'était à l'intérieur de ce truc énorme et très laid pour prendre la commande et la donner en mains propres à qui demandait un moka sans sucre. La caféteria, pour ce qu'elle avait vu, était conviviale et agréablement aménagée. Elle priait pour la cafét'.

Et Mlle Musk proposa de s'y rendre parce que c'était manifestement ce qu'elle trouvait de meilleur. Un instant, Taruccah se demanda pourquoi exactement Mlle Musk voulait tant la voir. Est-ce qu'elle voulait, en douce, lui poser des questions à propos de son passé parce qu'elle en avait lu des pas jolies-jolies dans son dossier ? Taruccah savait qu'elle n'avait pas à justifier ses actions antérieures, dans les autres lycées, ni l'année de totale absence scolaire, l'année sabbatique, si on pouvait considérer ça comme tel, mais elle voulait se lier à quelqu'un, même si c'était une prof et non parler de ce qu'elle avait pu faire avant d'atterrir ici. Elle préféra poser directement la question :

- Est-ce que vous voulez faire ma connaissance parce que vous avez lu mon dossier et qu'il vous a... intriguée ?

Intriguer n'était pas le mot juste. Si elle avait été un prof qui lisait ce ramassis de fadaises, elle aurait littéralement pété un câble. Elle savait bien qu'elle en avait faite, de belles. Et tout n'était pas écrit noir sur blanc dans du papier. Certaines choses étaient tues mais Taru préférait oublier ça, Mlle Musk n'en savait sûrement rien.

Maddison sursauta en entendant la voix de Taruccah, elle ne s'attendait pas à l'entendre en fait. Elle avait déjà le regard perdu et elle avait oublié un instant qu'elle partait à la cafétéria avec une élève. Elle cligna des yeux et se força à se remémorer pourquoi elle voulait y aller avec Taruccah. Mais elle fut surprise par sa question. En l'occurence, la jeune fille avait un dossier sûrement chargé. Qu'avait-elle pu faire qui puisse intriguer Maddison, une femme plutôt du genre à en avoir vu des vertes et des pas mûres? Elle s'arrêta dans son élan, prête à descendre les escaliers et la fixa plutôt intensément. Elle ne reconnut pas sa voix lorsqu'elle prononça ses quelques mots:

- Je ne suis pas du genre à lire le dossier de mes élèves, mais il m'arrive de faire des exceptions pour les cas... Disons difficiles. Je ne te connais pas, Taruccah, je ne sais rien de toi, mise à part ton prénom et le fait que tu aies bon goût en matière de vêtements...

Elle s'arrêta un instant pour avaler un peu de salive et ajouter, avec un petit sourire aux lèvres:

- Je le dis parce que je le pense, pas pour te faire plaisir, ça, je m'en contrefous, j'aime dire ce qui me passe par la tête.

Maddy se retourna et entama la descente des escaliers. Qoui que cette jeune fille est fait, elle s'en fichait. Mais cette jeune fille était plutôt imprudente, mais elle se garda de le dire pour le moment. Accepter de suivre un professeur pour boire un café, à son âge, elle n'aurai jamais accepter et aurait claquer la porte au nez à un adulte un peu spécial. De toute façon, Maddy n'attaquerait pas la jeune fille, ne lui ferait pas de mal mais il faudra bien qu'elle devienne complètement folle un jour, et elle croisait pour que ce jopur ne tombe pas maintenant. Ce n'était pas tous les professeurs qui faisaient ce genre de démarche envers ses élèves et elle était peut-être la seule du pensionnat à s'intéresser vraiment à ses élèves. Si Taruccah ne voulait pas expliquer la raison de cette question, qu'à cela ne tienne, elle ne demanderait rien. Peut-être un éclaircissement mais pas plus.

- Bon, j'aime pas boire mon café toute seule, tu viens Tarrucah? Je ne te force pas, si tu as changé d'avis entre temps...

Taruccah emboîta le pas à son professeur, qu'elle n'aurait de toute évidence jamais puisqu'elle ne faisait pas d'espagnol. On pouvait dire ce qu'on voulait à propos de Musk, elle n'avait pas sa langue dans sa poche. En fait, Taruccah s'en moquait puisqu'elle n'avait rien entendu au sujet de la jeune femme, vu qu'elle n'avait pas d'amis et que personne ne lui parlait.

- En général, lorsque j'arrive dans un nouvel établissement, les professeurs ne se gênent pas pour me faire sentir leur... mépris, disons les choses telles qu'elles sont.

Elle marqua une pause. En effet, elle avait changé d'orphelinats, de foyers d'accueil et d'écoles des dizaines de fois à cause de son comportement inacceptable en classe. A présent, elle voulait des efforts mais elle s'attendait, comme chaque fois, qu'on lui demande de s'expliquer. Maddison, visiblement, s'en foutait, et elle avait bien raison. Ca n'avait pas empêcher Taruccah de vouloir le vérifier. On n'était jamais trop prudent. Aucun professeur ne faisait jamais l'effort de s'adresser en particulier à chaque élève, ni de prendre un café avec eux. Ce n'était pas étonnant que la jeune fille se pose des questions. Soit Maddison s'intéressait à son passé chargé, soit elle voulait la violer. Mais elle écarta d'emblée la seconde hypothèse. Taruccah avait suivi les yeux fermés un tueur en série. Une prof barjo, elle saurait gérer, non ? Elle reprit donc :

- On peut dire que je suis un cas difficile.

Taruccah n'était jamais méprisante, ni méchante ou orgueilleuse. Elle se taisait, n'avait pas d'amis et ne foutait pas le bordel en classe. En fait, elle ne foutait rien en classe, n'écoutait pas les professeurs et défiait l'autorité en quittant les cours sur un coup de tête. Parce qu'elle voulait pleurer, seule dans les toilettes. Qu'elle voulait chercher quelque chose ailleurs. Parce que Jack le lui demandait. Les profs n'appréciaient pas son comportement libéraliste.

- J'ai foutu le feu au gymnase de l'école. A part ça, je suis une cancre. Vous auriez eu tous les droits de jeter un oeil dans mon dossier. Et de vouloir en savoir plus. Mais j'aimerais qu'on arrête de me demander sans arrêt ce qui cloche chez moi.

Elle continuait de marcher aux côtés de Mlle Musk.

Taruccah fut très étonnée de voir que Maddison se moquait bien du fait qu'elle ait incendié une partie de son lycée et qu'elle ne lui demande pas d'explication. Elle lui demanda ce qu'elle avait fait d'autres et Taruccah n'osait pas mentir. Elle allait juste omettre certains détails, ce ne serait jamais considéré comme un mensonge.

- Je ne vous cache rien : j'ai donc incendié un gymnase, castré quelques anciens petits amis, j'ai frappé quelques policiers et j'ai craché sur mon proviseur lorsqu'il m'a insultée. Mais le pire dans tout ça, c'est probablement que je démêlais les pelotes de ma grande tante quand j'avais quatre ans. J'aimais bien l'embêter.

Elle reprit un ton plus sérieux pour continuer :

- C'est marrant que vous le preniez si bien. Maintenant que je vous ai dit ça, je suppose que vous voudriez jeter un coup d'oeil à mon casier judiciaire. Croyez-moi, il manque certains détails. Rien de bien grave mais bon...

Elle en avait marre de parler d'elle - et de sa délinquance. Elle voulait en savoir plus sur Mlle Musk. Des choses d'ordre professionnel, pas nécessairement privé. La vie privée de Taruccah était suffisamment complexe pour qu'elle se mêle de celles des autres. D'ailleurs, ça ne se faisait pas de parler de ce genre de choses avec quelqu'un de l'âge de Musk.

- Et si on parlait de vous ? Vous travaillez là depuis longtemps ? Vous êtes mariée, vous avez des enfants ?

Evidemment, préciser si elle était mariée ou si elle avait des enfants ne faisaient, aux yeux de l'adolescente, pas vraiment partie de la vie privée. C'étaient les genres de choses que pouvaient savoir n'importe qui. Elle n'allait sûrement pas lui demander quelle était sa position sexuelle préférée ou si elle adorait faire des tresses dans les cheveux de sa fille. De toute façon, si Mlle Musk était gênée par la question, il lui suffirait simplement de n'y pas répondre. Taru voulait faire la conversation, rien de plus.

Maddison fut peu surprise des antécédants de la jeune fille, et elle aurait bien aimé lui poser d'autres questions mais elle n'osait pas tellement. Pour le moment du moins. Tout en marchant au milieu des couloirs, leurs pas se répercutant conbtre les murs et les vitres, elle se demandait ce qui avait pu l'inciter à faire tout ça. Peut-être juste l'envie.

- Castration... Très bonne idée, faut avoir le sang froid dis donc, tu as tout mon respect! chuchota-t-elle comme pour elle-même mais assez fort pour que la jeune fille l'entende.

Mais Taruccah commença à lui poser des questions à son tour. Que devait-elle lui répondre? Elle l'ignorait et préféra la vérité.

- Pas mariée mais j'aimerai. Pas d'enfants, mais j'en aimerai aussi. Je n'ai pas envie d'un destin exceptionnel. J'suis ici depuis quelques mois, et je m'y plais bien... Pour le moment!
Arrivées devant la porte d'accès à l'extérieur, Maddy murmura:

- Le destin ne nous donne que très rarement ce que nous voulons, Taruccah. N'oublie jamais cela.

Elle poussa la porte et montra du doigt la cafétéria, à quelques mètres d'elles.

- Allons y!